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Highlight- Corps en souffrance et violences : actualités

Sandrine Tinland le 20 septembre 2023 | 0 Commentaire

Plusieurs articles scientifiques très récents sur de grands échantillons de personnes viennent confirmer les nombreuses conséquences possibles au niveau physique de l’exposition à des violences, que les victimes soient mineures ou majeures.

1. Diabète :

Une étude américaine (Sanders M, 2023) sur une cohorte de 25 251 personnes de bas niveau socio-économique a exploré les liens entre les violences interpersonnelles au cours de la vie et l’apparition d’un diabète à l’âge adulte. Le risque de développer un diabète a été augmenté en moyenne de 23%, avec un risque majoré (35%) si les violences ont été subies pendant l’enfance et pendant l’âge adulte. Le risque concerne aussi bien les hommes que les femmes victimes, issu-e-s de la communauté blanche ou noire.

Une autre cohorte australienne (Seid AM, 2022) sur 5 782 participantes avec un suivi sur 20 ans, a retrouvé un plus grand risque d’obésité chez les victimes, et de nouveaux cas de diabète.

2. Asthme :

Une méta-analyse (Wang E, 2022) portant sur 37 articles et 4 bases de données différentes a retrouvé un lien entre les violences entre partenaires intimes et une prévalence accrue de développer un asthme à l’âge adulte ou à l’enfance (pour les enfants exposés). Les violences conjugales vont aussi aggraver un asthme préalable chez les victimes adultes. Des facteurs aggravants ont pu être précisés, notamment la consommation de tabac, la présence d’un trouble anxieux, d’un PTSD, d’une insomnie, d’une obésité, d’antécédents de traumatisme crânien.

3. Maladies cardio-vasculaires :

Une méta-analyse américaine (Jakubowski KP, 2021) a étudié les liens entre des antécédents de violences sexuelles et la présence d’affections cardio-vasculaires chez des femmes et hommes adultes. À partir de 45 articles concernant 830 579 personnes dont 77% de femmes, le risque de problèmes cardio-vasculaires était augmenté de 25 % chez les victimes. L’effet était plus important et durable s’il y a eu des victimisation sexuelles durant l’enfance.

4. Insomnie :

Une étude française (Reynaud E, 2023) sur la population générale incluant 25 319 adultes a retrouvé un lien entre l’insomnie chez l’adulte et des antécédents de violences sexuelles. 13,5 % de l’échantillon se plaignait d’insomnie, beaucoup plus les femmes que les hommes. Les antécédents de violences sexuelles (aussi bien en tant qu’adultes, qu’enfants) étaient 3 fois plus fréquents chez les personnes atteintes d’insomnie. Les auteurs encouragent les professionnel-le-s à détecter les antécédents de violences sexuelles subies, notamment chez les femmes adultes souffrant d’insomnie.

5. Mauvaise santé physique des adolescent-e-s exposé-e-s à des violences :

Un article français de revue (Balençon M, 2022) met en exergue la place majeure de l’expression somatique pour le repérage des violences chez les enfants et adolescents. Les troubles au niveau somatique peuvent être le seul marqueur de leur mal-être en lien avec des violences subies et/ou agies. Une démarche en santé intégrée pour les mineurs en danger est importante et nécessite une formation minimale en pédiatrie médico-légale et dommage corporel. L’évaluation complète des dommages subis est nécessaire pour qu’une protection et réparation puissent être effectives. Elle ne se résume pas au seul établissement d’un constat de lésions traumatiques le cas échéant…

 

L’ensemble de ces données ne peut qu’encourager à la détection précoce des violences et à leur limitation voire arrêt pour une meilleure santé physique et globale à court, moyen et long terme.

 

Résumé : Dr Emmanuel Escard

Références :

Sanderson M. Cook M, Brown LL et al. Lifetime interpersonal violence or abuse and diabetes rates by sex and race. Am J Prev Med 2023;000(000):1-9. In press.

Seid AM, Mishra GD, Dobson AJ. The association between childhood sexual abuse and historical intimate partner violence with body mass index and diabetes : evidence from the Autralian longitudinal study on women’s health. Preventive medicine 2022;161:107134.

Wang E, Zahid S, Moudgal AN et al. Intimate partner violence and asthma in pediatric and adult populations. Ann Allergy Asthma Immunol 2022;128:361-378.

Reynaud E, Vuillermoz C, Léon C et al. Association between the experience of sexual violence and insomnia in a national sample of French adults. Sleep med 2023;101:228-232.

Jakubowski KP, Murray V, Stokes N et al. Sexual violence and cardiovascular disease risk : a systemactic review and meta-analysis. Maturitas 2021;153:48-60.

Balençon M. Violences subies, violences agies : la place de l’expression somatique du repérage à l’expertise. L’Encéphale, 2022. Doi : 10.1016/j.encep.2022.08.001.

 

 

 

 

 

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Publié par Sandrine Tinland

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